Commentaire: Grâce de Dieu, grâce sacramentelle, grâce sanctifiante

12-10-2015
1681

Synod_dzień_01 (23)

Dariusz Kowalczyk SJ

Grâce de Dieu, grâce sacramentelle, grâce sanctifiante

La grâce de Dieu, ce sont au fond toutes les actions salvatrices de Dieu en faveur de l’homme. Nous pouvons donc dire que la grâce est une, de même qu’il y a un seul Dieu. Cependant, en tenant compte des changements de circonstances, des modalités et des conséquences de l’action de Dieu, nous distinguons différents types de grâce, y compris la « grâce sacramentelle » (gratia sacramentalis), « la grâce de l’Esprit Saint donnée par le Christ et propre à chaque sacrement » (CEC 1129).

Le Concile de Trente enseigne que par les sacrements « toute véritable justice ou commence, ou, une fois commencée, s’accroît, ou, perdue, est réparée » (Dz 1600). Par conséquent la grâce sacramentelle est essentiellement une grâce sanctifiante (gratia sanctificans). Il faut toutefois noter que le concept de « grâce sanctifiante » est beaucoup plus large que celui de « grâce sacramentelle ». En effet, Dieu peut entrer pour sanctifier les relations humaines aussi en dehors des sacrements. Autrement dit, Dieu sauve également non-sacramentellement, comme le Concile Vatican II l’a déclaré : « nous devons tenir que l’Esprit-Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal » (GS 22).

La situation des divorcés vivants dans de nouvelles unions serait donc une situation dans laquelle ils sont privés de la grâce sacramentelle liée au sacrement du mariage, au sacrement de la pénitence et à la Sainte Communion, mais ils ne doivent pas être, par définition, privés de la grâce générale de Dieu, cette grâce sanctifiante que Dieu peut donner – comme nous l’avons dit – sans les sacrements. C’est pour cette raison que Jean-Paul II a pu écrire dans Familiaris consortio : « On les [divorcés et divorcés remariés] invitera à écouter la Parole de Dieu, a assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, a apporter leur contribution aux œuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l’esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d’implorer, jour après jour, la grâce de Dieu [c’est nous qui soulignons] » (n° 84).

Les personnes divorcées qui vivent dans de nouvelles unions peuvent donc réellement demander à Dieu de leur accorder sa grâce qui, bien que n’étant pas et ne pouvant pas être sans l’accomplissement de certaines conditions la grâce sacramentelle, est néanmoins une véritable grâce de Dieu qui restaure une relation salvatrice avec Lui. Cependant, cela n’ouvre pas pour les personnes divorcées engagées dans de nouvelles unions la voie à la Communion sacramentelle. Bien au contraire, ils se détourneraient ainsi non seulement de la logique interne de la grâce sacramentelle mais risqueraient aussi d’anéantir la grâce reçue de façon non-sacramentelle.