Discours lors de la 6e session generale
Samedi, 10 Octobre 2015.
En commençant, je tiens à souligner que le discours suivant reflète non seulement mon opinion personnelle, mais encore l’opinion de l’ensemble de la Conférence de l’Épiscopat Polonaise.
- Il ne fait aucun doute que l’Eglise de notre temps doit – dans un esprit de miséricorde – aider les divorcés remariés civilement avec une charité particulière pour qu’ils ne se considèrent pas séparés de l’Eglise et puissent, au contraire, comme baptisés, prendre part à Sa vie.
Qu’on les encourage donc à écouter la Parole de Dieu, a assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux œuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l’esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d’implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l’Eglise prie pour eux, qu’elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu’ainsi elle les maintienne dans la foi et l’espérance (cf. Jean-Paul II,
Familiaris consortio, 84).
- Cependant L’Eglise – dans son enseignement sur l’admission des divorcés remariés – ne peut pas se plier à la volonté de l’homme, mais à la volonté du Christ (cf. Paul VI, Discours à la Rote romaine, 28.01.1978 ; Jean-Paul II, Discours à la Rote romaine, 23.01.1992, 29.01.1993 et 22.01.1996). L’Eglise ne peut donc pas se laisser conduire par une fausse compassion ou des sentiments envers les personnes, ni par des modes de pensée qui, bien que globalement populaires, sont erronés.
Admettre à la Communion ceux qui, sans lien sacramentel, continuent à cohabiter «
more uxorio » [en tant qu’époux], serait contraire à la Tradition de l’Eglise. Déjà les documents des premiers synodes d’Elvire, Arles et Néocésarée, qui se sont déroulés dans les années 304 à 319, ont confirmé la doctrine de l’Eglise de ne pas admettre les divorcés remariés à la Communion eucharistique.
Cette position s’appuie sur le fait que « leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d’amour entre le Christ et l’Eglise, telle qu’elle s’exprime et est rendue présente dans l’Eucharistie » (Jean-Paul II, Familiaris consortio, 84 ; 1 Co 11,27-29 ; Benoît XVI, Sacramentum caritatis, 29 ; Francis, Angélus du 16 août 2015).
- L’Eucharistie est le sacrement des baptisés qui sont en état de grâce sacramentelle. Admettre à la Sainte Communion des personnes divorcées et remariées civilement pourrait entraîner de grands dommages non seulement pour la pastorale de la famille, mais aussi pour la doctrine de l’Eglise sur la grâce sanctifiante.
En fait, la décision de les admettre à la Sainte Communion ouvrirait la porte à ce sacrement pour tous ceux qui vivent en état de péché mortel. Cela à son tour conduirait à l’annulation du sacrement de Pénitence et déformerait la signification de la vie en état de grâce sanctifiante. Il faut également souligner que l’Eglise ne peut pas accepter la soi-disante « gradualité de la loi » (Jean-Paul II,
Familiaris consortio, 34).
Comme le Pape François nous l’a rappelé, nous qui sommes ici ne voulons pas et ne disposons d’aucun pouvoir pour changer la doctrine de l’Eglise.
+ Stanisław Gądecki
Archevêque de Poznań
Président de la Conférence de l’Épiscopat Polonais