La position des éveques polonais avant le Synode sur la famille

21-09-2015

Varsovie, 21.09.2015.

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POSITION DES ÉVÊQUES POLONAIS AVANT LA XIV ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE DU SYNODE DES ÉVÊQUES (4-25.10.2015)

La Conférence des évêques polonais exprime sa gratitude au Saint-Père François pour le don du Synode des Évêques, dont le thème cette année sera « La vocation et la mission de la famille dans l’Eglise et dans le monde contemporain ». Nous remercions également les millions de Polonais – y compris les communautés et des mouvements familiaux – qui prient pour le Pape François, les cardinaux, les évêques et les personnes qui prendront part au Synode. Nous vous encourageons tous à continuer à prier pour le Synode, dans lequel – à la demande du Saint-Père – les évêques de Pologne participeront avec joies et sollicitude pour les familles.

1. L’enseignement des papes et les évêques, fondé sur les Ecritures et la Tradition de l’Église catholique, indique que le mariage et la famille constituent l’un des biens les plus précieux de l’humanité, qui doit être entouré d’une attention particulière. Jésus-Christ présente le mariage comme une alliance entre un homme et une femme, unis dans l’amour pour toute leur vie et ouverts au don de la vie nouvelle. Le mariage est une réalité à la fois humaine et divine, que Jésus Christ a élevée à la dignité de sacrement. Les époux peuvent en fait « revivre dans leur existence conjugale et familiale l’amour même de Dieu pour les hommes et du Seigneur Jésus pour l’Eglise, son Epouse » (S. Jean-Paul II, Familiaris consortio, 56).

Beaucoup de familles polonaises, dans leur réponse au questionnaire en vue du prochain synode, ont souligné que leur joie et paix de l’esprit sont le fruit de la foi en Dieu, de la vie sacramentelle et de la prière, individuelle et en famille, ainsi que du temps qu’ils consacrent l’un à l’autre. Nous soulignons donc que la famille, qui est l’Église domestique, est une réalité sainte et sanctifiante (cf. Actes 10,24-48; S. Jean-Paul II, Homélie à l’ouverture du V Synode des Évêques, 26/09/1980).

2. Nous remercions Dieu pour le fait qu’il y a, dans notre pays, beaucoup de familles en bonne santé qui, « dans la bonne et la mauvais fortune », cherchent chaque jour à être fidèles à leur vocation. Comme nous l’écrivions dans une lettre pastorale, ces sont des « personnes qui croient en l’amour et veulent le vivre tous les jours, le comprenant non seulement dans le sens des émotions et comme une source d’excitation, mais comme une heureuse occasion de se rendre responsables envers la personne aimée, afin de pouvoir jouir de la relation indissoluble et exclusif avec elle pour toujours. Ce sont des gens qui regardent le mystère du corps humain et le don de la vie conjugale avec un sens de la sainteté et de l’admiration dans leurs cœurs, qui accueillent un nouvel enfant dans la famille avec la prière de louange, et considèrent chaque vie, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, comme ils regardent la sainteté. Pour ces personnes, la dignité de la personne humaine est, toujours et partout, la valeur absolue » (Lettre de la Conférence des évêques polonais pour la fête de la Sainte Famille, 30.12.2005). Nous remercions les prêtres qui exercent leur ministère envers eux avec sagesse et dévouement paternel.

3. « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas », dit le Christ (Mc 10,9). Par conséquent, le mariage sacramentel est, par sa nature même, indissoluble. La loi de Dieu fixe des limites que les décisions humaines ne peuvent pas transgresser. L’homme n’a pas « tout pouvoir sur la loi divine, naturelle ou positive » (S. Jean-Paul II, Discours au Tribunal de la Rote romaine, 21.01.2000). Dans une situation où les époux sont en difficulté, la tâche de l’Eglise catholique est de les aider dans l’approfondissement de leur amour et de la responsabilité mutuelle, et dans leur conversion. Aujourd’hui, ce type de pastorale est plus que jamais nécessaire.

Dans l’Église catholique, il n’y a pas de divorce ni de processus conduisant au divorce. Il n’y a que le processus dans lequel on détermine, individuellement, si le mariage était valide ou non. Tous doivent éviter la mentalité de divorce. Toute séparation entre des époux est une offense contre Dieu, qui fait beaucoup de mal – laissant non seulement les deux avec des blessures mais jetant aussi une ombre douloureuse sur leurs enfants, la famille immédiate, les amis et connaissances – et détruit le fondement de toute la société.

Dans ce genre de situation, la pastorale est encore plus nécessaire pour ceux qui vivent dans des unions non-sacramentelles. Nous rappelons que les personnes divorcées, bien qu’elles restent séparées, ne sont pas exclues de l’Église, mais elles continuons à être ses membres et devraient être encouragées dans la foi et, dans leur relation avec la communauté ecclésiale, à participer à la messe du dimanche et dans la vie des communautés paroissiales (S. Jean-Paul II, Familiaris consortio, 84). Dans le même temps, nous encourageons ceux que rien n’empêche de se marier à s’ouvrir à l’amour de Dieu et à accepter le défi de construire leur famille sur la solide fondation de la grâce du Christ.

4. Avec sollicitude pastorale, nous embrassons les couples mariés, qui, depuis des années, désirent avoir un enfant. Dans le même temps, nous rappelons que l’insémination artificielle n’est pas la bonne façon de résoudre le problème de l’infertilité, et que cette méthode ne doit pas être utilisée par les catholiques (François, Discours à l’Association des Médecins Catholiques Italiens, 15/11/2014). Nous partageons la douleur des familles qui vivent le drame de l’avortement spontané ou dont les enfants sont mort-nés. Nous vous rappelons que chacun de ces enfants ont le droit à des funérailles catholiques complètes.

5. Nous espérons que durant le Synode une reconnaissance encore plus grande sera exprimée aux époux, qui, avec sage délibération et généreusement (Gaudium et Spes, 50) ont choisi d’avoir beaucoup d’enfants, de leur donner la vie et prendre soin d’eux, et de les introduire dans le monde de la foi et de la culture (Conseil Pontifical pour la Famille, Famille et procréation, 18-19). Cette reconnaissance est également étendue aux couples qui adoptent des enfants et à des personnes qui créent des maisons de type familial pour les enfants.

Nous croyons que le Synode peut aider à changer le discours social à l’égard des grandes familles, auquel le Pape François a attiré l’attention lors d’une réunion avec plusieurs milliers de familles nombreuses, en parlant, avec le plus profond respect et avec gratitude, de leur contribution indispensable pour la avenir de l’Église et du monde, et appelant les structures de la société à leur garantir une assistance adéquate (François, Discours à l’Association italienne des familles nombreuses, 28.12.2014; cf. idem, Audience General sur les enfants dans la famille, 04.08.2015).

6. Le soin pour les familles les plus pauvres, pour les familles avec des personnes handicapées et des couples âgés, devrait devenir partie intégrante de la pastorale familiale. Il faut rendre en particulier la jeune génération consciente des personnes et des familles qui ont besoin de toutes sortes d’assistance. La pastorale familiale doit prendre soin de familles qui sont séparées parce que certains membres ont émigrés pour des raisons d’emploi. En même temps, nous rappelons la nécessité d’une juste rémunération pour le travail : « la société et l’Etat doivent assurer des niveaux de salaire proportionnés à la subsistance du travailleur et de sa famille, ainsi qu’une certaine possibilité d’épargne » (S. Jean-Paul II, Centesimus Annus, 15).

7. Le nombre de personnes vivant seules augmente. Nous trouvons parmi elles certaines qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas se marier, d’autres qui choisissent consciemment le chemin de la solitude dans un monde afin de servir les autres à bien des égards. Il y a aussi celles qui, succombant à la mentalité de consommation, restent seules pour leur propre confort. La pastorale devrait prendre soin de toutes ces personnes, en les intégrant dans la vie de l’Église, et offrir un soutien aux familles dans le besoin (S. Jean-Paul II, Familiaris consortio, 85).

8. Nous notons, d’une part, qu’environ 90% des jeunes polonais considèrent le mariage et la famille comme le moyen d’atteindre le bonheur dans la vie adulte. D’autre part, le nombre de personnes vivant dans des unions s’accroit. Souvent, on prend peur face à la responsabilité et le don de soi irrévocable. Il est donc nécessaire de valoriser l’institution des fiançailles et de prolonger la période de préparation pour la réception du sacrement de mariage. Nous remercions les époux qui aident d’autres couples en montrant que l’amour conjugal beau et fidèle est possible.

9. Dans le cadre de la discussion sur la Communion pour les personnes divorcées vivant dans de nouvelles unions civiles, nous sommes reconnaissants envers le Pape François pour nous avoir rappelé que « l’Eucharistie n’est pas une prière privée ou belle expérience spirituelle. (…) Manger le „Pain de vie” implique entrer en communion avec le cœur du Christ, en adoptant ses choix, ses pensées, ses attitudes » (Angélus, 16/08/2015). Pour vivre une telle vie eucharistique, il faut approfondir le culte eucharistique (Benoît XVI, Sacramentum caritatis, 66). L’enseignement de l’Église catholique reste immuable quand elle dit que, pour aller à la Communion, il faut persévérer dans la grâce sanctifiante (1 Co 11,26-29; 1 Co 6,9-10; Code de droit canon, can. 916).

La famille est l’œuvre et la propriété de Dieu. Par conséquent, nous nous préparons pour le prochain Synode avec foi, espérance et amour.